À l’occasion de l’installation des chefs juridictions nommés ou confirmés récemment, le ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, a indiqué que le peuple de Guinée s’interroge sur le rôle de la Crief et sur la “célérité sélective” dans le traitement des dossiers.

Alphonse Charles Wright n’est pas allé du dos de la cuillère pour apporter des critiques sur la CRIEF. Pour lui, la Cour de répression des infractions économiques et financières “est une déception totale” pour le peuple. De la célérité dans les procédures au manque de cohérence dans les poursuites, Charles a tenu à mettre les points sur les i, en rappelant à Aly Touré confirmé procureur spécial, que la CRIEF n’est ni pour les anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé ni pour une catégorie sociale.

“Monsieur le procureur la Crief n’est pas faite pour une catégorie sociale, il faut le traitement équitable de tous les dossiers de toutes les personnes qui comparaissent par devant cette juridiction. C’est ça la bonne administration de la justice. Mais ici on voit certains dossiers qui montent aux escaliers et d’autres montent par l’ascenseur, c’est du deux poids deux mesures. Un comptable poursuivi, l’ordonnateur principal est où ? Où se trouve la cohérence ? Des dossiers introduits le même jour, d’autres sortent. Où sont passés d’autres dossiers ? (…) Ce qui est important à rappeler ce qui constitue d’ailleurs une déception totale du peuple de Guinée qui est allé jusqu’à dire à quoi sert la Crief aujourd’hui ? Cette question est posée par le peuple de Guinée. Cette Crief-là elle sert à quoi ? J’ai dit qu’aucune institution judiciaire ne peut être un instrument de chasse aux sorcières. Non ! Pourquoi ? Parce que les magistrats qui animent ces institutions judiciaires sont sous serment (…) Parce que la bréviaire du magistrat c’est la loi. Mais la chose qui influence beaucoup plus c’est l’argent. Quand vous luttez contre la corruption, on viendra vous proposer tout (…). Certains dossiers entrent et peu de temps les décisions sortent, d’autres sont là ça fait combien de temps. Il faut la gestion des dossiers dans un délai raisonnable…”.

Concernant les dossiers des anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé, le ministre invite le procureur spécial à ne pas en réserver un traitement spécial. Au contraire, de travailler en toute neutralité et de poursuivre si nécessaire même les dirigeants actuels.

“Monsieur Aly ne fait pas la différence entre ce que le régime d’Alpha Condé a fait et ce que le CNRD est en train de faire. Il faut que le peuple sache que vous travaillez dans la neutralité. Qu’on ne donne pas le sentiment que ce sont seulement les gens du régime d’Alpha Condé qui doivent être poursuivis. Non ! Je parle de tous les délinquants financiers qui qu’ils soient. Même nous les magistrats ; j’ai dit qui qu’ils soient. C’est pourquoi je vais instruire dans les jours avenir tous les DAAF des départements ministériels auxquels les mesures conservatoires ont été prises de demander de déposer [leurs documents de voyage] à commencer par le garde des Sceaux, ministre de la justice. On ne peut pas corriger l’opinion en faisant ombrage à la loi parce que c’est nous. Ça ramènera à trahir ce que le peuple attend de nous. Beaucoup étaient poursuivis pour les infractions économiques et financières. Comment ils sont sortis de ce pays ? Et aujourd’hui se trouvent à l’étranger. Ça devient très compliqué pour aboutir”, conclut le ministre Wright.

Guinée 360