Le projet d’exploitation de mine de fer du mont Simandou est un projet qui a commencé dans les 70. La société Rio Tinto a acquis des droits de recherche en 1996 sur les quatre blocs du Simandou et a signé en 2002 une convention minière avec l’Etat guinéen. Depuis cette date, la société n’a pas manifesté une véritable volonté pour développer le projet. En 2011, face à la pression du gouvernement de l’époque, elle a préféré payer 700 millions de dollars que le démarrage du projet.

En 2019, le gouvernement guinéen a engagé un processus d’octroi des blocs 1 et 2 à une nouvelle société.

Le consortium WCS a ainsi obtenu et signé en 2020 avec le gouvernement guinéen une convention d’exploitation des mines de fer du mont Simandou. Cette convention a été suivie par une convention ferroviaire et une convention portuaire. Ces différentes conventions ont été ratifiées et promulguées conformément à l’article 18 du code minier de la Guinée. La convention accordait 15% d’actions à la Guinée dans la mine (article 4.3 de la convention de WCS) et les autres conventions prévoyaient la construction des infrastructures en BOT. Les différentes exigences du code minier en matière de contenu local (article 8 de la convention de base), de mutualisation des infrastructures et de transports des personnes étaient également prises en compte par ces conventions (article 11.6 de la convention de base). Le projet prévoyait dans cette même convention la construction d’une aciérie moderne en 2036.

Les travaux de construction des infrastructures ont démarré en 2020 et d’intenses travaux avaient été entamés pour la construction des tunnels de Kindia, de Mamou et le port en eau profonde à Moribaya.

A la prise du pouvoir par le CNRD, les autorités ont arbitrairement arrêté les travaux de construction sous prétexte de renégocier les conventions qui avaient été signées et ratifiées en 2020. Elles ont, en outre, décidé de donner un coup de frein à l’évolution des travaux très avancés.

En mars 2022, le gouvernement a annoncé la signature de nouveaux accords sans que les contenus ne soient rendus publics public et ceci en violation des dispositions des articles 18 et 2017 du code minier et des exigences 2.4 de l’ITIE qui interdisent la signature de contrats miniers confidentiels et promeuvent la publication des conventions et accords signés dans l’exploitation des ressources minières. Pourquoi les autorités de la transition refusent de rendre public ces accords ? alors que les accords signés en 2020 et qu’elles dénoncent sont rendus publics et accessibles en ligne.

La renégociation de ces accords s’est passée dans la plus grande opacité à la présidence de la République par un petit groupe en mettant à l’écart la commission nationale des mines dont l’avis favorable est requis pour la modification des conventions minières. Même leur CNT n’a pas encore ratifié les accords en question. Ils sont encore gardés secrets par un groupe de personne. Quelle insulte? quel mépris? vis-à-vis des guinéens.

Le gouvernement annonce dans les médias avoir obtenu du nouveau, notamment en lien avec le contenu local, la mutualisation et le transport des personnes et des marchandises alors que tous ces éléments étaient déjà acquis dans les conventions signées en 2020 avec WCS. En réalité, rien de nouveau ne figure dans les annonces du gouvernement, tout était déjà acquis dans les accords signés en 2020.

La construction du port en eau profonde à Moribaya prévue dans les conventions de 2020 qui allait à la fois servir au transport des personnes et des marchandises a été reportée au calendrier grec au profit de l’évacuation du minerai dans des barges. Ainsi, le port de Moribaya ne sera qu’un espace de stockage et de chargement du minerai dans des barges et autres activités connexes de bateaux d’une capacité de 100 milles tonne. Il prévoit la construction du port en eau profonde dans la seconde phase du projet si possible quand la production atteindra les 100 millions de tonnes, la raison invoquée est que le port coutera entre 6 et 7 milliards de dollars américains pour tant acquis avec WCS en 2020, pour moult observateur pourquoi cet empressement avec un nouveau partenaire minier pour ne rien présenter de nouveau aussi extraordinaire au peuple de Guinée.

Le cabinet de mamadi Doumbouya se beurre dans la corruption et met en péril l’avenir des générations actuelles et futures.

Le retour de Rio Tinto et le co-développement du projet annoncé en grand pompe par le gouvernement de la transition a plutôt réduit le projet à sa plus petite expression. Le seul objectif du gouvernement est d’aller vite pour capter les revenus du projet. La corruption est passée par là car WCS donnait toutes les garanties par la poursuite de ses travaux sur le terrain.

La précipitation et l’opacité avec laquelle le gouvernement actuel mène le projet Simandou compromet les intérêts de la Guinée et doit interroger tout guinéen soucieux d’un lendemain meilleur pour ce pays.

SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATEGIES ET PLANIFICATION DU FNDC