Depuis un certain temps, le légionnaire Mamadi Doumbouya et ses laquais confirment leur volonté initiale d’un glissement du calendrier de la fin de la transition justifiant cette malencontreuse démarche malsaine par le manque à gagner du soi-disant budget colossal du retour à l’ordre constitutionnel qui selon eux, serait la conséquence du retard accusé par la CEDEAO et d’autres partenaires techniques et financiers dans la mobilisation de ces fonds.

Le budget de 600 millions de dollars présenté par la junte pour l’organisation des élections est en réalité une rançon réclamée à la communauté internationale et un chantage fait au peuple de Guinée alors que le pays dispose d’un fichier électoral certifié par la CEDEAO et l’OIF et d’une constitution (de mai 2010) qui ne requiert qu’un référendum populaire.

De qui se moque t-on en réalité quand on sait que le colonel et ses affidés ont toujours refusé de dialoguer avec les véritables forces représentatives de la nation malgré les différentes propositions et mises en garde de la CEDEAO, de L’UA, des Nations-unies et des Etats-Unis? En lieu et place d’un dialogue national fécond, la nébuleuse CNRD s’est évertuée à multiplier les discours d’arrogance, de mépris face à la communauté internationale, mais aussi de dédain vis-à-vis des Guinéens, teintés de nationalisme creux digne de pseudorévolutionnaire sans culture idéologique .

Les manœuvres de diversion du CNRD sont assimilables au ridicule dans la mesure où la transition étant éminemment politique, elle devrait s’atteler au retour à l’ordre constitutionnel interrompu à travers l’organisation des élections transparentes, inclusives et acceptées de tous. La nébuleuse quant à elle, s’aventure dans des projets de développement ( ponts, routes, rénovation et construction d’édifices publics… le tout sur fond de marché de gré à gré) à dessein de présenter, à terme, un bilan de justification pour la confiscation du pouvoir du peuple.

Vingt-deux mois après la prise du pouvoir par effraction par les forces spéciales dénonçant avec force dans un discours public un système de mal gouvernance institutionnalisé en Guinée, un dysfonctionnement des institutions républicaines et une instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques, ou en sommes-nous aujourd’hui ? Si les pratiques liberticides dénoncées par le CNRD pour justifier le coup d’Etat sont reconduites de plus belle : Instrumentalisation de la justice, culte de la personnalité, politisation à outrance de l’administration publique, népotisme, favoritisme clanique et régionaliste dans les nominations et les attributions des marchés publics, propagande populiste, arrestations et détentions arbitraires, harcèlements et intimidations des acteurs politiques et sociaux opposés à la conduite unilatérale de la transition ; interdictions sans base légale des manifestations pacifiques et de sorties du territoire , musèlement de la presse, assassinats de manifestants par les forces de défense et de sécurité sans oublier le refus de la junte de publier la liste nominative de ses membres et la déclaration du patrimoine des autorités de la transition.

Au regard de ce constat alarmant et accablant, la CEDEAO serait-elle inconséquente à prêter le flanc aux agissements puérils et de chantage des autorités de la transition ? Non, la junte n’est plus crédible comme acteur sérieux du processus de retour diligent à l’ordre constitutionnel, c’est pourquoi la posture de fermeté et les initiatives concrètes prises par le nouveau président en exercice de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO sont à saluer

En réalité, tous les ingrédients d’un soulèvement populaire contre les populistes mal inspirés du CNRD sont réunis : Cherté de la vie, chômage endémique des jeunes et des femmes, inversion des valeurs de méritocratie, corruption et détournements de deniers publics, mode de vie ostentatoire des autorités de la transition, destruction et confiscation de biens privés, défiance à tous les niveaux…

Face aux tentatives de glissement au-delà de 2024, il faut d’emblée signifier au légionnaire Doumbouya et à tous ses thuriféraires que la Guinée n’est ni le Mali et ne sera non plus le Burkina Faso car le peuple de Guinée affrontera et surmontera tous les obstacles qui seront dressés sur son chemin vers la démocratie et l’Etat de droit. Ceci n’est pas un conte de fée ni une légende, dans la mesure ou les patriotes, au pied du mur, affutent leurs armes et se préparent pour les grandes batailles citoyennes en perspectives qui ne seront sans conséquence pour la Guinée et la sous-région.

Le choix revient donc au légionnaire Doumbouya entre le respect de ses engagements et la défiance du peuple.

SEKOU KOUNDOUNO

RESPONSABLE DES STRATEGIES ET PLANIFICATION DU FNDC