Pendant que le pays se recueillait autour des familles endeuillées et des proches d’otages retenus à Gaza, des frappes israéliennes ont visé le territoire palestinien et des cibles du Hezbollah au Liban

Encore traumatisé, combattant sur plusieurs fronts, Israël commémore lundi dans la douleur l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, désormais étendue au Liban.

Pendant que le pays se recueillait autour des familles endeuillées et des proches d’otages retenus à Gaza, des frappes israéliennes ont visé le territoire palestinien et des cibles du Hezbollah au Liban, où le mouvement islamiste allié du Hamas a affirmé qu’Israël devait être « éliminé » à terme.

A Réïm, sur les lieux du festival de musique Nova où au moins 370 personnes ont été tuées, une foule émue a donné le coup d’envoi des cérémonies par une minute de silence à 06h29 précises (03h29 GMT), heure à laquelle le Hamas avait lancé son offensive sur le sud d’Israël il y a un an.

« La douleur ne s’estompe pas, au contraire, elle ne fait que s’intensifier », a confié à l’AFP Doron Journo, dont la fille de 23 ans, Karin, a été tuée sur place.

L’attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, incluant les otages morts en captivité.

Le président israélien Isaac Herzog, qui a rencontré les familles à Réïm, a appelé le monde à « soutenir Israël dans son combat contre ses ennemis ».

La guerre à Gaza et au Liban s’accompagne d’une escalade entre Israël et l’Iran, allié du Hamas et du Hezbollah, alors qu’Israël a menacé de riposter après le tir de 200 missiles le 1er octobre contre son territoire, faisant redouter une contagion de la guerre à l’ensemble du Moyen-Orient.

Tirs sur Tel-Aviv

Lundi, peu après le début des cérémonies, au moins quatre projectiles ont été tirés vers Israël depuis la bande de Gaza toute proche, a indiqué l’armée.

La branche armée du Hamas a revendiqué ces tirs, disant avoir visé un kibboutz, une base militaire et un rassemblement de soldats israéliens, ainsi que des tirs de roquettes sur Tel-Aviv, dans le centre d’Israël, où les sirènes d’alerte ont retenti.

Dans la journée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adressera à la nation, après avoir promis dimanche de vaincre les « ennemis » d’Israël.

Le Hezbollah a qualifié Israël d’entité « cancéreuse » qui doit être « éliminée » à terme, promettant de continuer à combattre « l’agression » israélienne, tout comme le Hamas qui a qualifié de « glorieuse » l’attaque du 7 octobre

De Sydney à Berlin, de Buenos Aires à New York, de nombreux rassemblements ou cérémonies doivent marquer cet anniversaire. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, présent à Réïm, a assuré Israël de l’attachement « indéfectible » de la France.

D’autres hommages sont prévus à Tel-Aviv ou encore à Nir Oz, un kibboutz dont une trentaine d’habitants avaient été tués et plus de 70 pris en otages et emmenés à Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont considérées comme mortes par les autorités israéliennes après l’annonce lundi de la mort d’un otage de 28 ans, Idan Shtivi, enlevé au festival Nova.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza avaient pénétré dans le sud d’Israël, utilisant des explosifs et des bulldozers pour franchir la barrière entourant le territoire palestinien, tuant à l’aveugle dans des kibboutz, des bases militaires et sur le site du festival Nova.

Dans les heures suivantes, l’armée israélienne avait lancé une puissante offensive contre le territoire palestinien avec pour objectif d’y détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007.

Depuis, des secteurs entiers de la bande Gaza ont été réduits en ruines, la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés et au moins 41.909 Palestiniens y ont été tués, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Frappes au sud de Beyrouth

Après avoir affaibli le Hamas, l’armée israélienne a déplacé à la mi-septembre l’essentiel de ses opérations vers le front nord, où le Hezbollah libanais multiplie depuis un an les tirs de roquettes vers Israël.

Après une campagne de bombardements massifs sur les bastions du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que le sud et l’est du Liban, l’armée a lancé le 30 septembre des opérations terrestres contre des positions du mouvement dans le sud, tout en poursuivant ses frappes aériennes.

L’armée a annoncé lundi l’envoi de soldats d’une troisième division, pour appuyer les deux divisions déjà déployées dans la zone frontalière du nord d’Israël. Elle a indiqué qu’un soldat avait été tué au combat.

Dans la matinée, un correspondant le l’AFP a signalé une explosion dans la banlieue sud de Beyrouth, d’où s’élevait de la fumée.

Le mouvement islamiste a dit avoir tiré « une salve de roquettes » sur des troupes israéliennes dans le village libanais frontalier de Maroun al-Ras. Il avait auparavant annoncé avoir bombardé plusieurs localités et positions militaires dans le nord d’Israël.

Depuis octobre 2023, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont plus d’un millier depuis l’intensification des bombardements israéliens le 23 septembre, selon les autorités. Environ 1,2 million de personnes ont été déplacées.

Israël a promis de combattre le puissant mouvement armé libanais jusqu’à « la victoire », afin de permettre le retour dans les régions frontalières des 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants.

« Le monde s’est arrêté »

Après l’échec de toutes les tentatives de médiation, l’offensive israélienne continue aussi à Gaza où l’armée a dit avoir frappé lundi l’hôpital Al-Aqsa de Deir al-Balah, dans le centre du territoire, qui abritait selon elle des centres de commandement du Hamas.

« Si j’avais su que la guerre allait durer une année entière, je n’aurais jamais quitté le nord de Gaza », dit à l’AFP Mona Abou Nahl, 51 ans, déplacée à Deir al-Balah. « Nous n’avons plus l’énergie pour supporter tout cela », a-t-elle ajouté.

« On a le sentiment que le monde s’est arrêté le 7 octobre », a raconté une autre déplacée, Israa Abou Matar, 26 ans. « Je vieillis en voyant mes enfants affamés, effrayés, faire des cauchemars et hurler jour et nuit à cause du bruit des bombardements ».

source: L’orient-le jour