Sur le plan moral, la Guinée devient-elle un pays à haut risque ? La course effrénée vers le prestige et les biens, parfois mal acquis, est-elle en train d’aveugler de nombreux compatriotes au détriment des valeurs patriotiques ? Pourquoi de tels agissements chez les Guinéens qui les commettent sont-ils en harmonie avec leur conscience ? Fouillez dans les archives, et vous verrez qu’ils agissent uniquement pour se faire une place au soleil et prendre leur part du gâteau « Guinée ».
Aujourd’hui, certains acteurs de la vie socio-politique, médiatique et artistique du pays déchirent leurs costumes en prétextant qu’on étudie pour servir la République. Il est indéniable qu’on doit servir sa patrie, je suis d’accord. Mais la fonction professionnelle ne doit pas primer sur la conscience. Car, comme le dit le proverbe, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Les martyrs enterrés au cimetière de Bambéto méritaient mieux de la part de ceux qui ont décidé désormais de marcher sur leur sang et de foncer vers le Palais. Que dire de Foniké Mengué, Billo Adjass, Habib Marouane et Aliou Bah ? Œuvrons tous pour le bien de notre nation, mais faisons-le avec une dose de moralité. Car les valeurs cardinales vont au-delà des hommes. C’est une affaire de survie républicaine.Monsieur le Président de la Transition, prenez le temps d’étudier, cas par cas, ceux qui vous adoubent actuellement, vous saurez forcément qui ils sont. Tout passe, rien ne demeure. Parfois, je me demande dans mon for intérieur pourquoi le Guinéen se plaît dans la trahison de ses convictions et dans la destruction de son prochain. J’ai mal, car rares sont les Guinéens qui veulent, dans le vrai sens du terme, voir ce pays se développer. De nos jours, ce qui était censé devenir un progrès collectif se transforme en un progrès individuel. Qui a oublié les colorants jaunes à Conakry et dans la Guinée profonde du RPG sous le régime de Condé il y a 4 ans ? Qui a oublié ces femmes qui ont payé sa caution pour sa candidature ? Les mêmes pratiques ne sont-elles pas encore visibles ? Aimons nos chefs, mais aidons-les surtout à être dans les livres d’histoire et non dans les oubliettes.
Dadis Camara, Damaro Camara, Kassory Fofana et Dr. Diane, ces sommités, ne suffisent pas comme exemple pour dire que tout est éphémère. Aimons notre République, chérissons-la. Mais arrêtons de la traîner dans la boue en faisant d’elle une terre de trahison où pleurent à chaudes larmes les proches et parents des victimes du combat démocratique. Toutefois, je reste convaincu que des hommes et des femmes d’une moralité irréprochable existent encore dans mon pays. Car la terre de mes ancêtres dépasse ces bêtises humaines.
Par Mamadou Mathé Bah, journaliste