Le 14 mai 2025, un décret présidentiel lu à la télévision nationale par le Général Mamadi Doumbouya annonçait la révocation de plusieurs permis miniers, bouleversant l’écosystème du secteur extractif guinéen. Parmi les sociétés concernées, AXIS MINERALS RESOURCES SA, titulaire d’un permis d’exploitation industrielle dans les préfectures de Boffa et Firia, a rapidement attiré l’attention, alimentant une vague de polémiques dans les médias.
Derrière les déclarations officielles, un réseau opaque de conflits d’intérêts, de manipulations et de détournements financiers impliquant l’ex-ministre des Mines, Ahmed Kanté, soulève aujourd’hui de graves questions sur la gouvernance dans le secteur minier guinéen.
En mars 2019, AXIS confie ses droits miniers à la société AGB2A, une coentreprise formée par GIC, une société guinéenne dirigée de fait par Ahmed Kanté, et SD Mining SA, société à capitaux chinois, principal investisseur du projet. Mme Zhang Jun, de nationalité chinoise, en est la directrice générale légale.
L’enquête menée par notre rédaction sur les sites miniers de Boffa et Kokaya révèle que SD Mining a entièrement financé les opérations :
• Plus de 30 millions USD en équipements,
• 10 millions USD en fonds de roulement,
• 10 millions USD en infrastructures,
• Et près de 8 millions USD pour les opérations quotidiennes.
En plus de cela, les frais administratifs du permis d’exploitation d’AXIS ont été réglés par SD Mining. GIC n’a, selon toute évidence, jamais investi un seul dollar dans le projet.
Derrière GIC se cache Ahmed Kanté, ex-ministre des Mines en 2006, condamné pour délits de fonction, aujourd’hui impliqué dans plusieurs litiges économiques à Conakry, notamment contre la société ABC et son représentant Alex Zotov.
Grâce à son influence locale et à des stratagèmes discrets, Kanté aurait pris le contrôle unilatéral d’AGB2A, en accaparant la gestion des comptes bancaires, en usurpant l’autorité de la directrice générale Zhang Jun, et en disposant librement des recettes issues de la vente de bauxite entre 2020 et 2021.
Plus de 20 millions de dollars de revenus destinés aux opérations logistiques ont disparu, selon nos sources. Des contrats frauduleux, des détournements et une gestion totalement opaque ont fini par provoquer l’explosion du partenariat avec SD Mining, officialisée le 28 février 2022.
Suite à la séparation, SD Mining et GIC ont repris chacun leurs zones minières. Mais la trajectoire des deux entités a divergé radicalement :
. SD Mining devient en moins de trois ans le 2e plus grand exportateur de bauxite en Guinée :
• 1,5 million de tonnes en 2022
• 9 millions en 2023
• 20 millions en 2024
• Et déjà plus de 15 millions au premier semestre 2025
L’entreprise a contribué à hauteur de 120 millions USD en recettes fiscales en 2024, créé plus de 3 500 emplois, et mis en place des infrastructures sociales modernes à Boffa.
. GIC, de son côté, sans capacité technique ni ressources, sous-loue illégalement ses titres miniers à Sinohydro 11 et au Groupe Gaoding. Cette pratique est formellement interdite par le Code minier guinéen. GIC, qui prétend publiquement avoir investi 300 millions USD, tarde à payer ses sous-traitants et n’a, selon l’enquête ministérielle, aucune contribution significative à l’économie nationale.
En mai 2025, une mission conjointe des ministères des Mines, du Travail et de la Fonction publique a inspecté les projets de SD Mining et de GIC. Le rapport est sans appel :
• Les données de GIC sont incohérentes, mensongères, non vérifiables ;
• SD Mining, en revanche, remplit toutes ses obligations sociales et fiscales, avec des conditions de travail exemplaires pour les employés locaux.
La récente révocation du permis d’AXIS relance la question cruciale de la propriété légitime du projet. Mais au-delà des manipulations médiatiques et des ambitions personnelles, la Guinée a besoin de transparence, de partenaires crédibles et de résultats concrets.
Notre journal estime qu’il est temps de revenir à la rationalité. La question n’est pas de savoir qui crie le plus fort, mais qui agit réellement pour le développement du pays. Les spéculateurs de l’ombre, comme Ahmed Kanté, ne doivent plus avoir voix au chapitre. Ce sont les entreprises performantes, créatrices de valeur et respectueuses de la loi, comme SD Mining, qui doivent bénéficier du soutien de l’État et de la confiance des citoyens.
La politique minière du gouvernement guinéen a toujours visé à attirer des investisseurs sérieux et à garantir une redistribution équitable des richesses nationales. Les pratiques d’appropriation frauduleuse et de « gants blancs » appartiennent à un passé révolu.
Par Lansana Yansané