La critique est un outil puissant. Elle permet d’évaluer, de corriger et d’améliorer, à condition qu’elle soit fondée sur des principes constructifs. Mais lorsqu’elle devient un instrument de revanche ou une tentative désespérée de rester pertinent dans l’espace politique, elle perd toute sa valeur et se transforme en un frein au progrès collectif.

Dans le contexte actuel de la transition en Guinée, un personnage particulier illustre parfaitement cette problématique : un ancien journaliste, devenu ministre sous le régime déchu, aujourd’hui en quête d’une place dans le système du Général Mamadi Doumbouya. Son discours, oscillant entre critique acerbe et tentative de séduction, met en lumière une posture politique ambiguë qui suscite autant de méfiance que de scepticisme.

Un parcours politique marqué par l’opportunisme

Souvent qualifié de centriste, cet homme a su se positionner comme l’ami de tout le monde, adoptant une posture de neutralité apparente qui lui a permis de naviguer dans les eaux tumultueuses de la politique guinéenne. Il s’est forgé une image d’intellectuel, de critique du système, tout en se rapprochant stratégiquement des cercles du pouvoir, quelle que soit leur nature.

Mais cette capacité d’adaptation, qui pourrait être vue comme un atout en politique, est perçue par beaucoup comme une forme de caméléonisme dangereux. Car s’adapter à tout et à tous, sans une ligne idéologique claire, sans des principes solides, revient à perdre en crédibilité auprès d’un peuple conscient et exigeant.

De la critique à la compromission

Lorsqu’il affirme que “les ennemis d’hier peuvent devenir des amis demain”, il met en évidence une réalité souvent constatée en politique : les alliances sont dictées par les intérêts personnels plus que par une vision pour le peuple. Mais une telle logique, si elle peut être compréhensible pour la préservation d’une carrière, devient problématique lorsqu’elle se fait au détriment du bien commun.

Son retour sur le devant de la scène, à travers des écrits souvent perçus comme des règlements de comptes, soulève des interrogations légitimes. Veut-il réellement contribuer au débat public et aider à l’évolution du pays, ou cherche-t-il simplement à se repositionner en flattant la junte au pouvoir ? Beaucoup pensent que son discours n’est ni sincère ni bénéfique pour la transition.

-Un “Mamba noir” qui inquiète

Surnommé le “Mamba noir”, il est décrit comme prêt à tout pour se rapprocher du pouvoir en place. Or, dans une période de transition aussi délicate que celle que traverse la Guinée, ce type de personnage représente un véritable danger. En effet, une transition réussie repose sur des principes de vérité, d’intégrité et de justice. Si elle est parasitée par des figures du passé, qui ont déjà montré leurs limites mais tentent de se réinventer en s’alignant sur le pouvoir en place, alors le risque de régression est grand.

Critiquer, oui. Mais critiquer pour construire, pas pour détruire. Et surtout, critiquer en étant soi-même irréprochable. Le peuple guinéen, qui a longtemps souffert des manipulations politiques, est plus vigilant que jamais. Ceux qui tentent de jouer sur plusieurs tableaux risquent d’être définitivement disqualifiés aux yeux de l’opinion publique.

La Guinée n’a pas besoin de revanchards en quête de reconnaissance, mais de visionnaires capables d’apporter des solutions concrètes pour l’avenir du pays.

Par Oumar THIAM / Juriste Publiciste et analyste politique.