Le ministre des injonctions aux fins de poursuites, dans son souci de paraître et de fouetter son propre ego, vient encore une fois de démontrer qu’il n’est pas à sa place. Il vient de réchauffer et d’adresser au procureur spécial près la CRIEF une injonction aux fins de faire engager des poursuites contre des directeurs des affaires administratives et financières des ministères et EPA.
Ce ministron a-t-il véritablement lu le manuel de procédure de gestion financière des établissements publics administratifs en Guinée ? La question qui mérite d’être posée est de savoir. Cette injonction précède telle à un rapport d’audit quelconque ? Au rapport annuel de la cour des comptes ? Au rapport de l’inspection des finances ? Au rapport d’inspection générale d’Etat (IGE) ? La réponse est non car émise sans élément matériel et factuel dans le seul but de satisfaire son égo surdimensionné, manque d’humilité, de lucidité et dépassement de soi.
Son excès de zèle, l’ivresse du pouvoir et son goût immodéré pour les micros et les caméras, lui ont fait totalement perdre le peu de raison qui lui restait, la fonction a mis nu sa vraie nature.
À l’épreuve de la fonction, tellement que Charles d’hier est complètement le contraire de celui d’aujourd’hui que je me demande s’il n’a pas porté un masque pour tromper notre vigilance et se servir de son faux-semblant pour se hisser haut dans la duperie. C’est maintenant qu’on découvre le vrai de Charles qui se cachait derrière le masque.
Comment peut-il penser qu’en matière de corruption, de blanchiment de capitaux et de détournement de deniers, une injonction aux fins de poursuites suffit pour engager des poursuites ? Que fait-il de la nécessité d’un rapport d’audit préalable? Des observateurs avertis ont dit et redit que le costume de ministre de la Justice est trop grand pour lui. Et c’est vraiment le cas. C’est le même Alphonse Charles Wright qui qualifie ceux qui relèvent ses errements juridiques de myopes alors que, sur le plan du droit, lui, il est plutôt un aveugle. Ce n’est qu’en Guinée qu’un tel personnage peut diriger le prestigieux ministère de la Justice.
La Guinée n’est quand même pas le seul pays où il existe un ministre de la Justice et elle n’est pas à son tout premier ministre de la Justice. Mais elle reste aujourd’hui le seul pays où le ministre de la Justice se mêle de tout. Là où un procureur doit parler, c’est lui qui parle; là où un inspecteur des services judiciaires doit prendre la parole, c’est encore et toujours lui qui est devant la presse. Le ministère de la Justice a même un porte-parole mais il ne sert absolument à rien. Le « distributeur automatique d’injonction aux fins de poursuites » est à la fois procureur de la République, procureur général et porte-parole du ministère de la Justice. C’est à croire qu’il avait un besoin pressant de reconnaissance qu’il cherche à satisfaire à travers sa fonction de ministre.
D’ailleurs des magistrats dignes de ce nom sont gênés aux entournures par ses sorties ubuesques. Ils se demandent ce qu’ils ont fait au Bon Dieu pour mériter d’avoir un tel ministre. Il parle de respect de la loi alors que c’est lui-même qui transgresse la loi. Il passe son temps à parler de dossiers pendants devant la justice alors que la loi le lui interdit.
Malheureusement, il a réussi à décapiter l’Association des Magistrats de Guinée, la seule structure qui pouvait contrecarrer les décisions et mesures ridicules de Alphonse Charles Wright. Quant au Conseil Supérieur de la Magistrature, ses membres ont tout simplement déçu. Les véhicules 4×4 offerts par le putschiste sont passés par là.
Pauvre Guinée.
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Sekou Koundouno