La volonté de Mamadi Doumbouya de lutter contre les infractions économiques et financières est une chimère. Un proverbe soussou dit qu’on ne peut pas juger une affaire de meurtre pendant qu’on tient en main une tête humaine. Comment un militaire propriétaire de plusieurs immeubles acquis par de l’argent à l’origine douteuse peut-il s’en prendre à d’anciens dignitaires du régime défunt sous le prétexte de la lutte contre la délinquance économique et financière ?

Les Guinéens connaissent – et Mamadi Doumbouya en est conscient- avec précision tous les immeubles qu’il est en train de bâtir ça et là. Il s’enrichit à une vitesse exponentielle ainsi que tout son entourage. Il sait qu’il pourrait subir le même sort et connaître le même traitement qu’il fait subir aujourd’hui aux responsables du régime de Alpha Condé.

Plus grave encore, les crimes de sang que son régime a commis et est en train de commettre sont tels qu’il a peur de lâcher le pouvoir. Le procès du 28-septembre est un signal fort. On ne peut organiser un tel procès et penser qu’on pourra échapper à la justice pour les crimes qu’on a soi-même commis ou fait commettre.

C’est pourquoi, il mettra tout en œuvre pour conserver le pouvoir. Il n’hésitera pas à emprisonner voire tuer ses opposants. La junte militaire est arrivée à un tel niveau de crimes de sang et de crimes économiques qu’elle n’a d’autre salut que de s’accrocher au pouvoir à moins d’être chassée par une insurrection populaire.

Se cramponner au pouvoir reste le seul moyen pour Mamadi Doumbouya et ses hommes de se mettre à l’abri de poursuites judiciaires. Mais ils se trompent lourdement en pensant qu’ils resteront au pouvoir sans avoir été élus. Ils partiront d’une manière ou d’une autre.

SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC