La transition politique en Guinée, amorcée sous la conduite du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et de son leader, le Général Mamadi Doumbouya,Président de la République, était initialement programmée pour s’achever en décembre 2024, selon le chronogramme officiel. Cependant, le contexte socio-économique et les défis rencontrés au cours de cette période ont rendu impossible le respect de ce délai. Les manifestations populaires et les contraintes financières ont, en effet, freiné le déroulement normal des réformes nécessaires à l’instauration d’un système démocratique solide et durable. Dans ces conditions, le glissement du calendrier de la transition apparaît désormais comme une nécessité plutôt qu’un choix.
Le Général Doumbouya et le CNRD sont pleinement conscients des attentes élevées de la population guinéenne et des partenaires internationaux. Malgré les obstacles, ils travaillent d’arrache-pied pour poser les bases d’un avenir meilleur pour la Guinée. Plusieurs initiatives prometteuses ont vu le jour, traduisant une volonté réelle de transformation profonde du pays. Ces réformes touchent des secteurs essentiels comme la justice, la gouvernance, l’économie, le transport, l’éducation, l’environnement, la santé et les infrastructures, afin de garantir une transition réussie et porteuse de changements durables.
– Les défis rencontrés dans la mise en œuvre de la transition
Depuis sa prise de pouvoir en septembre 2021, le CNRD s’est engagé à conduire la Guinée vers une gouvernance démocratique, fondée sur des institutions fortes et une justice indépendante. Cependant, le chemin vers cet objectif s’est révélé semé d’embûches.
Les manifestations sociales, alimentées par des frustrations liées à l’absence de progrès immédiats et à la crise économique mondiale, ont ralenti l’avancée de plusieurs projets. Ces mouvements traduisent à la fois une impatience légitime et une méfiance envers les intentions du CNRD. Par ailleurs, la gestion des ressources financières limitées, exacerbée par des baisses de revenus provenant des exportations minières, a également constitué un frein majeur à l’atteinte des objectifs initiaux.
– Des initiatives prometteuses pour le progrès de la Guinée
Malgré ces défis, le CNRD a pris des mesures concrètes pour améliorer la situation du pays. Parmi celles-ci, on peut citer :
1. La refonte des institutions : Le CNRD s’emploie à réviser les lois fondamentales pour garantir une gouvernance démocratique et inclusive. Un dialogue national a été initié pour permettre à toutes les forces vives de la nation de participer à l’élaboration des nouvelles institutions.
2. La lutte contre la corruption ( la CRIEF) : Des enquêtes rigoureuses ont été menées pour lutter contre la corruption endémique qui gangrène le pays depuis des décennies. Des responsables impliqués dans des pratiques illégales ont été traduits en justice, envoyant ainsi un signal fort contre l’impunité.
3. Les investissements dans les infrastructures : Des projets d’envergure ont été lancés pour moderniser les routes, l’as voies aériennes, maritime et terrestres les écoles, les hôpitaux et les réseaux électriques. Ces infrastructures sont essentielles pour stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie des citoyens.
4. La réforme du secteur minier : Le CNRD a entrepris de renégocier les contrats miniers pour garantir une meilleure répartition des revenus issus des ressources naturelles et favoriser le développement local, par exemple le Simandou 2040.
-Le glissement de la transition : un impératif pour une Guinée stable
Compte tenu des nombreux défis rencontrés, forcer la transition à respecter un calendrier irréaliste risquerait de compromettre les acquis et d’entraîner des instabilités futures. La population guinéenne doit comprendre que le temps est un allié dans la construction d’une nation prospère et durable. Une transition précipitée pourrait engendrer des lacunes institutionnelles et laisser place à des dysfonctionnements qui entraveraient les progrès accomplis jusqu’ici.
Le Général Doumbouya et son équipe ont clairement exprimé leur volonté de conduire la Guinée vers un avenir meilleur. Il est donc impératif de leur accorder le temps nécessaire pour mettre en œuvre les réformes essentielles. Cette patience permettra d’assurer une transition aboutie, fondée sur des bases solides, et d’éviter les erreurs du passé.
La Guinée traverse une phase critique de son histoire. Le glissement de la transition, bien que regrettable pour certains, est un impératif pour garantir le progrès durable du pays. Le Général Doumbouya et le CNRD s’efforcent de répondre aux attentes de la population, tout en posant les jalons d’une gouvernance transparente et efficace. Il revient à tous les Guinéens de faire preuve de patience et de soutenir les efforts en cours pour construire une Guinée prospère et unie. La transition est une opportunité historique qui ne doit pas être gâchée par la précipitation ou l’impatience.
Par Oumar THIAM/ activiste de la société civile guinéenne, secrétaire général du CERAG et analyste Politique.