Après plusieurs années de répression, de corruption et de violations flagrantes des droits de l’homme, un colonel devenu général, à la tête d’une troupe bien entraînée, renverse un régime qui bafoue les règles élémentaires. Ce même général se met alors à la place du citoyen, celui qui a vécu ces épreuves jour et nuit, et promet de venir pour « coudre et non pour en découdre ». Parmi ses propos, il affirme : « La justice sera la boussole, aucun Guinéen ne mourra pour rien, la liberté d’expression et les droits de l’homme seront protégés. »
Après des échanges avec la CEDEAO, les déclarations de nos dirigeants suggèrent qu’un retour à la normale est prévu pour fin décembre 2024. Cependant, cette promesse ne serait-elle pas de courte durée ? Certains propos se transforment déjà en maux et suscitent des inquiétudes chez les citoyens.
Par exemple, l’expression « tout adulte peut disparaître », prononcée par le porte-parole du gouvernement, n’a pas rassuré l’opinion. De plus, des personnalités telles que Foniké et Billo Bah sont introuvables, tout comme la voix critique du célèbre journaliste Marouane Camara. Les opérateurs économiques sont inquiétés, et une insécurité croissante frappe les régions du pays. Certains politiciens, bien qu’ils aspirent à jouer un rôle dans les débats internationaux en toute responsabilité, ignorent les efforts de la presse, notamment en raison de la fermeture de certains médias.
Des preuves tangibles montrent que la presse est écoutée et comprise, mais elle est également muselée par endroits. Il est important de souligner que notre mission n’est pas de défendre un camp, une opinion ou une personne, mais plutôt de véhiculer l’information de manière professionnelle, même si cela nous expose souvent à la censure de ceux qui pourraient nous emprisonner demain.
Les propos en faveur de la candidature d’un président qui ne s’est même pas exprimé sur la question créent déjà le chaos dans le sud du pays. Il est facile d’oublier que ce sont des discours similaires qui ont conduit aux événements du 28 septembre 2009, ou encore à la chute d’Alpha Condé et de son régime. Ainsi, des mots qui deviennent des maux, ravivent les blessures du passé.
Monsieur le Président, le peuple se souvient bien de vos premiers propos et prie chaque jour pour qu’ils ne se transforment pas en maux.
« Il n’y aura aucun esprit de haine et de vengeance. Il faut dire qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières, mais la justice sera la boussole qui orientera chaque Guinéen. Nous devons aimer la Guinée… »
« JE VEUX ÊTRE CLAIR LÀ-DESSUS : NI MOI, NI AUCUN MEMBRE DE LA TRANSITION, NE SERA CANDIDAT À QUOI QUE CE SOIT », a déclaré le Général Mamadi Doumbouya, Président de la transition guinéenne.
Barry III, journaliste indépendant, Administrateur général de miroirguinee.com
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